Page:Rouleau - Légendes canadiennes tome II, 1930.djvu/122

Cette page a été validée par deux contributeurs.

dèrent de tous côtés et, ne voyant rien, ils prirent le parti de retourner sur leurs pas.

« Mon grand-père et son ami, qui étaient couchés à une dizaine de pas de leur chaloupe, ne purent s’empêcher de rire de la figure hébétée des Anglais.

« — Que dis-tu de mon projet, mon ami Pierre ?

« — Quel projet ?

« — De les faire tous les trois prisonniers et de les amener au fort dans notre belle chaloupe toute neuve ?

« — Tiens ! c’est une bonne idée. Essayons. »

« Prompts comme l’éclair, ils se ruèrent sur deux marins, leur lancèrent une vigoureuse taloche et les étendirent de tout leur long dans une mare d’eau. Mon grand-père se précipita aussitôt sur le troisième, le désarma et lui attacha les mains derrière le dos avec une corde qui se trouvait dans la chaloupe. Les deux autres soldats, que Pierre Léveillé tenait au collet, pour les empêcher de se relever, eurent le même sort ; et une fois fortement liés ensemble par la même corde, mon grand-père et son ami les jetèrent dans le fond de la chaloupe.

« À midi, la chaloupe flotta et mit le cap sur le fort. À l’arrivée de cette embarcation, la sentinelle qui montait la garde du côté de la rivière fit avertir le commandant et ses subalternes, qui tous accoururent sur le bord du cap. Quelle allégresse brilla sur la figure de tous ces braves lorsqu’ils recon-