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l’informait que sa mère venait de quitter cette terre pour s’envoler au ciel, après une maladie de quelques heures seulement, et que sa dernière parole avait été pour son fils bien-aimé. Cette triste nouvelle produisit une terrible impression sur Edmond ; mais, comme il était parfait chrétien, il sut maîtriser sa douleur et ses sanglots en ayant recours à la prière, ce baume si salutaire dans les grandes souffrances.

Deux mois plus tard, le supérieur du collège lui apprenait avec tous les ménagements possibles qu’il était devenu orphelin. Son père était mort victime d’un accident de chemin de fer. Impossible de décrire les tortures morales du jeune étudiant, et ce ne fut qu’avec les plus grands efforts qu’on parvint à le retirer de l’état de désespoir dans lequel il était plongé. La religion triompha et Edmond finit ses études avec le même succès qu’il les avait commencées.

Son cours d’études terminé, l’orphelin retourne dans sa paroisse. Mais, ô cruelle déception ! M. le curé, son généreux bienfaiteur, avait été transféré dans une autre desserte, et le jeune prêtre qui le remplaçait ne le connaissait pas du tout. Fondant en larmes, il se dirige vers sa pauvre chaumière ; il arrive à la porte, il frappe en tremblant. Une vieille femme, à la mine repoussante, vient lui répondre.

« Que me voulez-vous ? lui dit-elle.

— Je viens revoir et habiter pour quelques jours