Page:Rouleau - Légendes canadiennes tome I, 1930.djvu/64

Cette page a été validée par deux contributeurs.

mêmes pas cadencés de la nuit précédente se font entendre.

« Le revenant descend l’escalier ; la porte d’entrée s’ouvre avec un fracas épouvantable ; et les hommes de chantiers sont lancés dehors avec une violence telle, qu’ils vont rouler à plusieurs pas de la galerie et piquent une tête contre des cailloux qu’on avait placés pour l’ornementation de l’avenue principale. Nous volons à leur secours ; ils sont sanglants et défigurés ; nous les transportons chez mon ami plus morts que vifs. Cette fois, ils s’avouent vaincus ; ils ne sont nullement disposés à recommencer la lutte. Mathurin avait gagné son pari.

« Depuis cette époque, personne n’a osé pénétrer dans cette maison, et soyez convaincu que jamais elle ne sera habitée. »

Le vieillard, ayant terminé son récit, continua sa marche vers le fleuve. En nous quittant, il nous dit d’un accent prophétique et en nous désignant de sa grande main blanche et décharnée la lugubre habitation dont nous connaissons l’histoire :

« Jeune homme, fuyez cette maison maudite. Oui, fuyez, si vous ne voulez pas qu’il vous arrive malheur. »

Et il s’éloigna en faisant le signe de la croix.

Sa narration nous avait fortement impressionné. Aussi, nous ne nous fîmes pas prier pour quitter des parages où se passaient des événements si étranges, et si effrayants.