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par deux mains invisibles, soulever de son siège et transporter prestement à la porte, mais sans attraper aucun mal ; la porte s’ouvre d’elle-même, et notre homme est déposé précieusement sur la galerie qui entoure la villa. Inutile d’ajouter qu’il prend ses jambes à son cou et nous rejoint au pas gymnastique.

« Notre curiosité est alors vivement excitée ; nous avons hâte de connaître le sort réservé à son compagnon, qui, nous l’avouons à sa louange, n’avait pas quitté son poste ; il se conduisit en véritable brave. Notre attente n’est pas de longue durée. Le revenant met le second Canadien à la porte avec la même politesse dont il avait fait preuve à l’égard du premier. Quelques secondes plus tard, il est au milieu de notre petite troupe d’observateurs. Nous retournons à la résidence de l’ami Mathurin, qui rit à gorge déployée de l’aventure arrivée aux deux Canadiens.

« Les hommes de chantiers dévorent en silence leur honte et leur déconfiture. Mais, ne voulant pas passer pour des lâches et des femmelettes, ils offrent à Mathurin de retourner la nuit prochaine à la villa, aux mêmes conditions. Le marché est accepté de part et d’autre.

« Le lendemain soir, les deux Canadiens reprennent leur ancienne position dans la villa. Le plus profond silence règne encore jusqu’à minuit. Mais, à cette heure, le même bruit de chaînes et les