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pourrez prendre des informations auprès d’un acteur de la scène que je vais vous raconter, chez Pierre à Michel, qui restait au Pain-de-Sucre à cette époque-là.

— Est-ce que votre ami ne réside plus au Pain-de-Sucre ?

— Oh ! non, il est mort depuis une dizaine d’années ; mais sa femme vit encore et vous répétera mot à mot ce que je vais vous dire.

— C’est très bien ; vous pouvez commencer votre histoire ; nous n’avons plus aucun doute sur sa véracité, après les preuves que vous venez de donner. »

Notre chasseur ne se fit pas prier et s’exprima à peu près en ces termes :

« Vous savez, dit-il, que, dans le temps passé, il y avait une foule de sorciers ou d’hommes méchants qui avaient le pouvoir de prendre momentanément la forme d’un animal quelconque, soit d’un chien, soit d’un cheval, soit d’un porc, soit d’un veau, etc. Quelquefois même ces méchants faisaient un commerce avec Satan et se changeaient en diables quand ils le voulaient. »

Ayant fait une moue qui indiquait assez clairement une grande incrédulité de notre part, le narrateur ne put réprimer un mouvement de colère ; mais il continua néanmoins son récit :

« Tenez, mon ami, vous êtes incrédule. Eh bien ! écoutez-moi attentivement et je vais vous convaincre.