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Toutes les nuits, des centaines de chasseurs quittaient les concessions de la Haute-Ville et de l’Embarras et allaient prendre place dans leurs cabanes respectives. Ils se rendaient généralement sur la plage bien avant le lever du soleil, et ils se réunissaient, à une heure convenue, tantôt dans un endroit, tantôt dans un autre, pour raconter des histoires de sorciers, de revenants, de feux follets, etc., etc. La chasse commençait, comme dit le poète :

Au moment où l’aurore, avec ses doigts de rose,
Sépare en souriant la nuit d’avec le jour.

La nuit se passait au milieu de la gaieté la plus franche. C’était le bon vieux temps. Tous les chasseurs s’aimaient comme des frères. Quand on rencontrait deux chasseurs cheminant l’un à côté de l’autre, on pouvait leur appliquer en toute sûreté ce vers du bon La Fontaine :

Deux vrais amis vivaient au Monomotapa.

Si l’un d’entre eux réussissait mieux que ses compagnons ceux-ci l’applaudissaient et le portaient en triomphe. On le proclamait le plus habile chasseur de toute la bande, et lorsqu’on retournait au foyer, on s’empressait de redire aux parents et aux amis les actes de prouesse dont on avait été témoin.