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« Voilà, autant que je puis me le rappeler, dit le narrateur en terminant, le récit du dernier crime de cet homme tristement célèbre, dont le souvenir est encore vivace dans toutes les paroisses du comté de l’Islet[1]. »



  1. Le Soleil a publié, il y a quelque temps, une notice sur ce personnage de célèbre mémoire. On peut y ajouter ce qui suit ; j’étais présent à sa mort sur la potence :

    Quand on l’a fait prisonnier, on l’a attaché à une cloison dans sa maison. On avait percé des trous dans cette cloison ; ses pieds et ses mains étaient attachés avec de fortes cordes. Il se déclarait innocent du crime dont on l’accusait ; il se comparait « humblement » semblable à Notre-Seigneur Jésus-Christ crucifié.

    Sur la potence, il portait sa robe d’indienne avec un bonnet blanc sur la tête.

    Il a fait un discours ; il a avoué son crime et s’est recommandé aux prières des spectateurs, qui ont été fortement impressionnés. Avant de venir à Saint-Jean-Port-Joli, le docteur avait résidé à l’Île-aux-Coudres, où il a possédé une terre, qu’il confiait à un fermier… Il en a fait mourir deux.

    À cette époque, M. Asselin était curé de l’Île-aux-Coudres ; le docteur était son grand ami. Le curé avait établi dans son église le premier chemin de la croix du pays ; et le docteur faisait l’exercice du chemin de la croix tous les dimanches.

    Qui sait si cet exercice de piété n’a pas attiré la miséricorde de Dieu sur les derniers instants de sa vie ?

    Sa vie a été criminelle, mais sa mort a été consolante. La foule a été vivement impressionnée par ses dernières paroles.

    Un témoin de la scène.