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« La bourse ou la vie ! » Cependant cette frayeur, bien naturelle aux jeunes gens, disparaît bientôt pour faire place à notre sang-froid habituel. « Mais dis donc, l’ami, de qui veux-tu parler ?

— Vous vous rappelez sans doute le fameux docteur l’Indienne et sa misérable fin, n’est-ce pas ?

— Oui, oui, répondons-nous en chœur.

— Eh bien ! c’est là qu’il demeurait, continua-t-il en nous montrant du doigt l’endroit désigné.

— Tu nous ferais grand plaisir, si tu nous racontais l’histoire du docteur l’Indienne ; car nous avons entendu citer son nom bien souvent et même nos grand’mères nous menaçaient des foudres du fameux docteur lorsque nous étions trop dissipés dans notre bas âge. Mais nous ne connaissons qu’imparfaitement la vie de ce véritable bandit.

— Je vais essayer de satisfaire votre curiosité, sans entrer néanmoins dans tous les détails d’une carrière aussi tristement remplie. Je me contenterai de vous narrer aussi brièvement que possible le dernier meurtre qu’il a commis et qui a comblé la mesure de ses iniquités.

— Commence ; nous t’écoutons.

— Le docteur l’Indienne, — ainsi nommé parce qu’il portait presque continuellement une robe d’indienne, — vivait seul dans sa sombre demeure et jouissait d’une bien mauvaise réputation parmi les habitants de Saint-Jean, qui tous le redoutaient et fuyaient son contact comme on fuit un pestiféré ou