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passer la journée sur cette charmante colline. Mais trêve à nos souvenirs de collège et revenons à nos… nous allions dire moutons ! à nos quatre étudiants, qui venaient de terminer leur cours classique ; c’étaient donc, en langage scolaire, quatre physiciens ou finissants, de grands sires, quoi !

Le repas était servi sur l’herbe ; chaque convive était étendu à la mode des anciens Romains couchés sur leurs divans. L’air pur et frais qu’on respire continuellement en cet endroit aiguisait l’appétit. Aussi, il était amusant de voir disparaître les mets succulents de la table champêtre au cliquetis du couteau et… du pouce et de l’index ; dans cette collation, la fourchette brillait par son absence. L’eau remplaçait le vin, et certes cette boisson est toujours la plus naturelle. Nos joyeux dîneurs étaient arrivés à la partie la plus alléchante du menu : le dessert, qui se composait uniquement de tranches dorées. De notre temps, tous les élèves, du plus petit au plus grand, connaissaient la manière de faire des tranches dorées. C’était la première leçon de cuisine, — si nous en exceptons toutefois le hachis, — que nous apprenions en faisant nos excursions au Lac à Bourgelas, à la Montagne à Bouthot, au Bras, à la Montagne Ronde, etc. Ce n’est pas difficile, il faut l’avouer ; nous prenons des tranches de pain et nous les faisons rôtir dans un mélange de lait, d’œufs et de sucre. Et puis voilà ; le mets est préparé.

Les tranches dorées confectionnées par les quatre