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minutes, car les bureaux ne sont pas encore ouverts. Cette attente est fatale au notaire ; le doute pénètre dans son esprit ; il se fait la réflexion suivante :

« Si c’était un tour de Jarnac ! mais non, ce n’est pas possible. Je m’y connais trop. »

Le notaire se parle encore à lui-même, lorsque la porte de la banque s’ouvre toute grande.

Nos deux individus s’empressent d’entrer, le notaire le premier ; Pierriche se tient à quelques pas en arrière de son homme d’affaires, qui va se placer la tête dans un guichet et demande le caissier pour une transaction importante. Le caissier accourt et s’informe de la transaction dont il s’agit.

Le notaire. — Pourriez-vous me payer cette traite aujourd’hui même ? Ma question peut vous paraître curieuse, mais le montant que porte la traite est très élevé. »

Le caissier prend la traite, l’examine quelques instants et puis la tend au notaire en lui soufflant dans le tuyau de l’oreille :

« C’est bon à rien. C’est un faux. »

Le notaire passe alors par toutes les couleurs de l’arc-en-ciel, et, oubliant dans quelle position il se trouve, il s’écrie avec rage :

« Vous mentez ; ce papier est excellent. Je m’y entends, car je suis notaire.

Le caissier. — Si vous aimez à continuer de pratiquer comme notaire, vous feriez bien de vous retirer sur-le-champ. Autrement j’appelle un sergent de