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l’exception d’un marchand de Québec, qui garde le silence et laisse échapper de temps à autre un sourire narquois. Son altitude signifiait visiblement qu’il n’avait aucune confiance dans ce monstrueux héritage.

Le notaire remarque l’attitude du marchand, s’approche de lui avec familiarité et lui dit sans aucun préambule :

« Vous paraissez douter de notre mission ?

Le marchand. — Votre prétendu héritage me semble être un beau canard sans plumage.

Le notaire. — Vous portez là un jugement faux ; car vous n’avez pas vu les pièces officielles que nous avons en notre possession.

Le marchand. — Ça se peut.

Le notaire. — Vous qui passez pour un homme entendu dans les affaires du grand monde commercial, auriez-vous objection de jeter les yeux sur ce document, que je viens de recevoir d’une banque d’Allemagne ? Vous jugerez ensuite.

Le marchand. — Je n’ai nullement envie de m’occuper d’une chose qui ne me regarde pas du tout ; mais puisque vous le désirez, j’examinerai ce document auquel vous attachez tant de prix. »

Le marchand prend le papier timbré des mains du notaire, le parcourt avec la plus grande attention et le remet à son propriétaire en disant :

« Je ne donnerais pas deux sous de votre fortune. »