Page:Rougier - La Voix de la sagesse, 1909.djvu/79

Cette page a été validée par deux contributeurs.

XXVIII

Les corps qui finissent procèdent d’une âme éternelle, indestructible et immuable. Celui qui croit qu’elle tue ou qu’on la tue se trompe ; elle ne tue pas, elle n’est pas tuée. Elle ne naît, elle ne meurt jamais. Sans naissance, sans fin, éternelle, antique, elle n’est pas tuée quand on tue le corps. Comme l’on quitte des vêtements usés pour en prendre de nouveaux, ainsi l’âme quitte les corps usés pour revêtir de nouveaux corps. Ni les flèches ne la percent, ni la flamme ne la brûle, ni les eaux ne l’humectent, ni le vent ne la dessèche. Inaccessible aux coups et aux brûlures, à l’humidité et à la sécheresse, éternelle, répandue en tous lieux, immobile, inébranlable, invisible, ineffable, immuable, voilà ses attributs.

XXIX

De même qu’il faudrait que notre corps éclatât, s’il était soustrait à la pression de l’atmosphère, de même si le poids de la misère, de la peine, des revers et des vains efforts était enlevé à la vie de l’homme, l’excès de son arrogance serait si démesuré, qu’elle le briserait en éclats, ou tout au moins le pousserait à l’insanité la plus désordonnée et jusqu’à la folie furieuse. En tous temps il faut à chacun une certaine quantité de soucis, de douleurs ou de misère, comme il faut du lest au navire pour tenir d’aplomb et marcher droit.

XXX

Ce qui est né doit sûrement mourir et ce qui est mort doit renaître.

XXXI

Ce qui vient de la Terre retourne à la Terre, et ce qui