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Lentement, doucement, notre âme qui s’endort,
En un soir inconnu qui sans fin se prolonge,
Joint déjà peu à peu, glissant de songe en songe,
Le rêve de la vie au rêve de la mort ;


Et rien n’attire plus nos yeux que rien n’étonne :
Car tout le long passé se reflète en nos yeux ;
Car nous sommes aussi très graves et très vieux,
Pareils sous le soir pâle au fraternel Automne.


Et nous tremblons de crainte aux fleurs que tu nous tends ;
Tes parfums sont trop lourds dans le soir où nous sommes,
Ô jeune Dieu mauvais trop béni par les hommes,
Dieu malgré tout béni, Printemps, jeune Printemps !