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58 Chants et Poèmes 0 Nuit, nous t’avons implorée ; Nous t’avons crié : Par le-nous ! Tu nous réponds, morne et murée, Par le vain bruit des passants fous. Si tu n’avais rien d’autre à dire, Et si leurs chants et si leur rire Étaient tout ton divin secret, Oh ! rentre alors dans ton silence ; Garde à jamais, sépulcre immense, Les mots que notre âme implorait ! Garde à jamais ta paix nocturne ! Laisse-nous, dans l’ombre où descend Le soir énorme et taciturne, Attendre en vain le jour absent ! Mais, sur la terre ou dans les nues, S’il est des rumeurs inconnues, S’il est d’autres voix que ce bruit, Parle alors et dis-nous ton verbe ! Jette un cri terrible et superbe ! Parle-nous, formidable Nuit ! Et la chanson qui passe est déjà presque éteinte ; Et tout à coup, plus haut que les chants qui s’en vont, De tous les points du ciel un cri s’envole et tinte, Un cri large et multiple et qui partout répond.