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Noël 57 Leur âme ne sent point, sous la Lune apparue, La formidable Nuit qui pèse au loin sur eux !... Ils vont ; leur bruit s’éloigne et décroît dans la rue. Us vont semant leur joie. Et ce sont les heureux ! Oh ! qu’ils aillent suivant leur route, Sans rêver, penser ni souffrir ! Qu’ils soient pareils au boeuf qui broute, A l’eau joijeuse de courir ! D’heure en heure, au long des journées, Errant selon les destinées, Qu’ils aillent dans leur vain bonheur ! Qu’ils aillent, foule éparse et folle, Comme le grain léger qui vole A travers le van du vanneur ! Qu’ils soient le grain qu’un souffle emporte Et que le hasard va semer ! Qu’ils soient la chose inerte et morte, Et qu’ils croient vivre et croient aimer ! Qu’Us soient heureux dans leur délire !,.. Plutôt que rire leur vain rire Et que passer dans leur bruit vain, Plutôt, jusqu’au soir d’agonie. Traîner notre angoisse infinie, Sous l’effroi du secret divin !