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parce que ça fait jaser, ça peut me compromettre ; il ne faut qu’un voyageur bavard et maladroit pour aller dire ça à Lyon.

Désirée, étonnée.
Á Lyon ? Eh bien, pourquoi donc à Lyon plutôt qu’autre part ?

Duchemin, un peu embarrassé.
Je disais Lyon, comme j’aurais dit le premier endroit venu ; et puis j’y ai une commère à Lyon… la deuxième ville de France arrivait naturellement après Paris.

Désirée
Mais enfin, monsieur, puisque vous êtes si scrupuleux, puisque vous avez tant de ménagements à garder pour votre réputation, alors épousez-moi, vous savez bien que je ne demande pas mieux.

Duchemin
Je sais même que tu ne demandes que ça.

Désirée
Quand ça serait, il me semble que cela prouve que je vous aime.

Duchemin
Ça prouve que tu as envie de te marier.

Désirée
Il faut cependant vous décider.

Duchemin
Ah ! mon Dieu, je ne dis pas que plus tard… le temps est un grand maître !

Désirée
Ah ! voilà encore vos plus tard qui recommencent, et moi je veux que cela finisse… Vous me remettez toujours de voyage en voyage, et je vous préviens que je suis lasse d’être promenée comme ça.

Duchemin, allant au fond.
Est-ce qu’on ne m’a pas appelé ?

Désirée, à part.
Ah, tu fais la sourde oreille ; eh bien ! la lettre partira.

Duchemin
Tiens, ma petite Désirée, au lieu de me cherche une querelle d’Allemand, tu ferais bien mieux de me rendre un petit service, une commission dont je suis chargé… Va m’acheter un pâté de foie gras de Strasbourg chez madame Chevet, c’est elle qui les fait le mieux.

Désirée
En vérité, on prendrait les courriers du gouvernement pour des commis voyageurs du Rocher de Cancale.

Duchemin, souriant.
Tu dis vrai, méchante.