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ix
Où allez-vous ?

Jacolin, entrant dans la cour
Vous le voyez ben, à la poste aux chevaux, pour attendre le passage d’une voiture de Paris à Lyon.

Gauthier, se faisant verser un petit verre
Vous avez le temps de faire comme moi, si le cœur vous en dit, camarade.

Jacolin, s’approchant
Caporal, j’accepte votre politesse, à charge de revanche, à mon premier voyage, si vous montez la garde ce jour-là. (Il se fait servir et boit ; aux postillons.) Dites Messieurs les postillons, combien est-ce qu’il y a encore de diligences à passer de la nuit pour Lyon ?

Le postillon
Mon bourgeois, vous n’avez plus que la malle-poste.

Jacolin
N’y a plus que la malle ?... allons, je me suis relevé trop tard ; s’il n’y a pas de place, me voilà joli garçon… elle sera furieuse contre moi.

Gauthier
Il paraît que votre femme vous attend ?

Jacolin
Si c’était la mienne, je ne serais pas si pressé.

Gauthier, fumant un cigare
C’est égal, vous êtes heureux, vous à ce qu’il paraît… on vous aime… au lieu que moi, ce n’est pas ça : voyez-vous, Lyonnais, j’ai aussi le cœur sensible, tout vinaigrier que je suis.

Jacolin
Tiens, vous avez aussi une passion, vous ?

Gauthier
Oui, à Paris… elle s’appelle Désirée… je ne vous dis que son nom de baptême pour ne pas la compromettre… Désirée Gauthier ; elle tient le café des Voyageurs, à l’hôtel de la Providence, rue J.-J. Rousseau.

Jacolin
Je vous plains, caporal

Gauthier
Voilà pourtant cinq ou six lettres que je lui écris, sans recevoir de réponse… Aussi, j’ai fait un coup de désespoir, je me suis engagé… je me suis mis dans la garde nationale, au dernier recensement. (On entend un bruit de chevaux).

Le postillon
Ah ! voilà la malle.

Tous, allant