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Souvent le laboureur moissonne la famine :
Moi, je t’opposerai les biens et les plaisirs,
Qu’elle présente en foule à tes vastes desirs.
Tu les verras des maux corriger l’influence,
Et Typhon, comme Horus, demeurer en balance.
Enfin voyant qu’au sage, ainsi qu’au scélérat,
La nuit prête son ombre, et le jour son éclat.
Dis : il faut qu’en son sein la nature rassemble
Les biens mêlés aux maux, et qu’ils germent ensemble. "
Que répondre à sa voix ? Ah ! D’un sort plus heureux,
Défendons à nos coeurs les chimériques voeux :
Assez de biens encor embellissent la vie.
Pour tromper les langueurs dont l’automne est suivie,
Rallions nos amis, et laissons au plaisir
Le soin de nous filer les jours d’un doux loisir ;
Ou si des bois jaunis perçant la solitude,
Ma muse s’abandonne aux rêves de l’étude,
Non loin de moi, la hâche, à grands coups redoublés,
Attristant les échos dans leurs grottes troublés,
Je m’avance ; je vois les tiges renversées,
Et de grandes leçons nourrissent mes pensées.