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De cadavres pressés forme un trône à la mort ;
De ces lacs, de qui l’eau sur la fange s’endort ;
Enfin du lit impur des mines, des carrières,
Déjà montent vers toi des vapeurs meurtrières.
Le vent, qui de ton ciel ne trouble plus la paix,
Leur permet de s’étendre ainsi qu’un fleuve épais :
Bientôt ce globe entier n’est plus qu’un gouffre immonde.
C’en est fait ; et la Parque a dépeuplé le monde.
Mais rappelle ces vents ; que d’un bruyant essor,
Répandus sur la terre, ils y règnent encor :
Vois-tu de mille biens leur liberté suivie ?
Ils ont soufflé la mort, ils répandent la vie.
Des autres élémens suis encor les effets :
Par-tout aux maux qu’ils font succèdent les bienfaits.
Si le feu dévorant embrase mes entrailles,
M’ébranle, me déchire, engloutit tes murailles,
Sert en foudres tonnans l’injustice des rois,
Et des peuples vaincus anéantit les droits ;
Ce feu, nourri des sucs que l’abeille distille,
Pour te rendre le jour brille en flamme subtile :
Tes alimens, par lui doucement préparés,
Nourrissent de ton