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De ce toît ruineux sur les ondes pendant ;
Laisse-là tes trésors, vain poids qui t’embarrasse ;
Sauve-toi, sauve un fils, seul espoir de ta race ;
Eh ? Ne sens-tu donc pas tes lambris chanceler ?
Fuis, dis-je, éloigne-toi ; le pont va s’écrouler.

Il s’écroule ; et les cris des femmes écrasées,
Et le long craquement des arcades brisées,
Et le bruyant fracas des glaçons en fureur
À la foule égarée impriment la terreur.
Ah ! Détournons les yeux de ces tableaux sinistres.
Mais hélas ! De la mort contagieux ministres,
Les autans, enfermés dans un nuage obscur,
Sur la terre aujourd’hui soufflent un air impur ;
Et nous avons encor des larmes à répandre.
Ce long froid, qui du moins tous les ans vient suspendre
Les douleurs des mortels menacés du tombeau,
Ce froid, qui de leurs jours ranimoit le flambeau,
Ne prêtant plus sa force à leur santé mourante,
Ils tombent engloutis dans la nuit dévorante,
Dans la nuit qui confond les pâtres et les rois :
C’est le règne du dueil ; et par-tout à la fois,