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Remirent quelquefois le sceptre des armées :
La terre, fière alors d’un laboureur guerrier,
Tressailloit sous un soc couronné de laurier.
Ô nuit des préjugés, où la France égarée,
Voisine du tombeau, languit déshonorée,
Quand te verrai-je enfin, cédant à la raison,
Du bonheur de la terre agrandir l’horison ;
Permettre que des champs la culture ennoblie,
Dans ses antiques droits soit enfin rétablie ;
Et que les rois eux-même, échappés à l’erreur,
Couronnent tous leurs noms du nom de laboureur ?
Ah ! Si ces vers, enfans de mon foible génie,
Jusqu’au trône des rois portés par l’harmonie,
Leur inspiroient un jour le projet glorieux
De préférer le soc au fer victorieux ;
Qu’alors, au lieu d’encens, de fleurs et d’hécatombe :
La main d’un laboureur écrive sur ma tombe :
"Il aima la campagne, et sut la faire aimer. "
Que son séjour me plaît ! Comme il sait me charmer !
C’est toi que j’en atteste, automne riche automne