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Mille cris d’allégresse alors frappent les airs,
Et volent répétés par l’écho des déserts.
Alors un doux tumulte égare l’assemblée ;
L’amant a plus d’audace, et l’amante troublée
Laisse égarer ses pas sous des berceaux touffus :
Là, de sa voix éteinte expirent les refus.
Amour, puissant amour, ainsi tu viens encore
Regner sur les beaux jours que Vertumne décore !
Peu content toutefois d’embraser les humains,
Le feu réparateur qui brûle dans tes mains,
À travers les forêts, en flèche dévorante
Vole, et des cerfs jaloux poursuit la horde errante.
Surpris dans tous ses nerfs d’un profond tremblement,
L’animal orgueilleux te résiste en bramant,
Se plonge dans les eaux, se roule sur l’arène ;
Mais contraint de fléchir sous ta main souveraine,
Par-tout semant le trouble et donnant le trépas,
Il court : le sable à peine est marqué de ses pas.
Que je plains le mortel, qui dépouillant la crainte
Des forêts aujourd’hui parcourt le labyrinthe !