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Et me trouble et m’oppresse, et fait naître mes larmes.

Ô murs de Montpellier ! ô mon premier séjour !
Le mortel vertueux qui me donna le jour
Habite votre enceinte, et le sort m’en exile.
Quand pourrai-je rentrer dans ce modeste azile,
Où sans cesse attentif à mes besoins nouveaux,
Il prodiguoit pour moi le prix de ses travaux ;
Où sa sévérité me cachant sa tendresse,
De ma raison trop lente il hâtoit la paresse,
Me formoit aux vertus, et portoit dans mon coeur
La noble soif d’un nom des ténèbres vainqueur !
Dieux ! Couronnez mes jours d’un destin plus prospère,
Et je vole à l’instant dans les bras de mon père ;
Je lui rendrai son fils si long-temps attendu,
Ce fils, que pour la gloire il crut trop-tôt perdu.
De mes foibles talens il recevra l’hommage ;
Il entendra ces vers pleins de sa douce image ;
Et des larmes de joie échappant de ses yeux,
Peut-être en m’embrassant il bénira les cieux.

Et toi, cité fameuse, ô moderne épidaure,
Conserve-moi long-tems ce père que j’adore !