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Dans la nuit du tombeau par degrés il s’éveille ;
Changée en papillon la nymphe disparoît.
Déja du globe d’or qu’il habite à regret,
Il frappe à coups pressés la jalouse clôture ;
Il la brise, il en sort. Docile à la nature,
Qui l’appelle à sa fin par l’attrait des desirs,
Il s’avance au trépas en cherchant les plaisirs,
Il voit, bientôt il joint son amante immobile,
L’échauffe en la frappant de son aîle débile,
L’ombrage, la remplit de sa fécondité,
En flots d’amour s’épuise, et meurt de volupté.
L’amante après deux jours à périr condamnée
Verse ses tendres œufs, l’espoir d’une autre année ;
Œufs où repose en germe un peuple industrieux,
Qui fidèle héritier de l’art de ses ayeux
Doit à sa race encor léguer son industrie,
Et toujours reproduit enrichir ma patrie.
Ma patrie !... à ce nom si doux et si chéri
Jusqu’au fond de mon cœur je me sens attendri.
Un penser douloureux, qui pourtant a des charmes