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peine autour de nous a fait taire le bruit.
Une moite vapeur dans les airs répandue
S’abbaisse, et sur les champs comme un voile étendue
Distille la fraicheur dans leurs flancs altérés.
Cet humide tribut a rajeuni les prés ;
Et le roi des sillons qu’un verd plus frais colore
L’épi germe, et s’élance impatient d’éclore.
Mais hélas ! Et les maux et les biens rassemblés
Naissent chez les humains l’un à l’autre mêlés.
La vapeur de la nuit aux fromens si propice
Féconde le chardon ; il croît sous leur auspice :
L’avoine les domine, et l’ivraie à son tour
Les couvre de son ombre épandue à l’entour.
C’est à vous d’extirper ce fléau des campagnes,
Vous de l’agriculteur les actives compagnes :
Rassemblez vos enfans ; et tous, le fer en main
Prudemment dans les blés vous ouvrant un chemin,
Allez porter la guerre à l’herbe usurpatrice :
Qu’un chariot l’emporte et le bœuf s’en nourrisse.
L’insecte, qui nous file un riche vêtement,
Vous rappelle et demande un nouvel aliment.