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Feront gémir les champs sous le faix des impôts !
Et leurs loix dévoûront aux fureurs de la guerre
Le paisible sujet qui féconde la terre !
Ô dieux ! Quand cessera l’injurieux oubli,
Où le premier des arts languit enseveli ?
Ne verront-ils jamais, ces cruels politiques,
Que leur pouvoir n’est rien sans les travaux rustiques ;
Que Mars peut bien un tems prêter quelque splendeur,
Mais qu’un jour malheureux abbat cette grandeur ;
Mais que Cérès est tout ; mais qu’une paix profonde
Est la base solide où leur gloire se fonde !
Tu l’avois bien compris ce secret des états,
Ô toi, le plus aimé de tous les potentats,
Toi qui seras long-temps pleuré dans notre histoire,
Henri, lorsqu’à regret contemplant ta victoire,
Tu t’écriois : "je veux aux enfans des hameaux,
De nos troubles civils faire oublier les maux ;
Je veux que leurs regards chérissent ma présence,
Que ce bon peuple heureux chante ma bienfaisance,
Et que de leur bonheur s’accroisse mon pouvoir. "