Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome I, 1779.djvu/44

Cette page n’a pas encore été corrigée


Des mains d’un jeune prince un bucher allumé
Exhale dans les airs un nuage embaumé.
Au bruit des chants joyeux, que la fière trompette
De ses éclats roulans accompagne et répète,
De jeunes laboureurs amènent en dansant
Au pié du roi-pontife un taureau mugissant ;
Des fleurs parent sa tête et pendent en guirlande.
Le prince au Dieu du ciel consacre cette offrande ;
Il prie : et le taureau, frappé d’un coup mortel,
Meugle, chancele, et tombe aux marches de l’autel.
Tandis que du bucher la flamme étincelante
Dévore en pétillant la victime sanglante,
Le maître de l’empire, armé d’un aiguillon,
Guide le soc poudreux, ouvre un premier sillon,
Et d’une main prodigue y dépose en semence
Ces grains, dont le Cathay nourrit un peuple immense.
Jour rayonnant de gloire, où ce sage empereur,
Au rang de mandarin place le laboureur,
Qui soumit une plaine inculte, et fit éclore
De nouvelles moissons sur un sol vierge encore !
Et des rois, pour enfler l’orgueil de leurs drapeaux