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Ces concerts d’instrumens à vos fureurs si doux,
Au tribunal des dieux s’élèvent contre vous,
Oui, contre vous, ô rois ! Dont l’orgueil sanguinaire
Arma ces meurtriers d’un glaive mercenaire.
Répondez : quand ce peuple, et libre, et triomphant,
Avec cette candeur qui guide un foible enfant,
Déposa dans vos mains l’épée et la couronne,
Quand il vous fit asseoir dans la gloire du trône,
Vous dit-il : « De mes biens, de mes jours à ton gré,
Use en maître absolu ? Prends ce glaive sacré,
Égorge-moi : je veux que mon sang t’appartienne ;
Pour volonté, pour loi, je n’aurai que la tienne. »
Rois, soyez détrompés : le peuple est avant vous.
Si par nous vous regnez, regnez aussi pour nous.
Renfermez, étouffez les foudres de la guerre ;
Et protecteurs d’un art bienfaiteur de la terre,
Imitez du Cathay les sages potentats :
Voici, voici les jours, où leurs vastes états
Résonnent de leur nom béni dans les campagnes.
Quand l’aube, en blanchissant le faîte des montagnes,
Ramène