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Tout annonce le Dieu... le monstre de la guerre.
Au fracas répété de son roulant tonnerre,
Les cheveux sur le front hérissés de terreur,
Pâle, et l’oeil égaré, s’enfuit le laboureur :
Il s’enfuit en pleurant les trésors de la plaine.
Enfans, mères, vieillards éperdus, hors d’haleine
Désertent leur cabane, et par mille chemins,
Se dérobent en foule aux soldats inhumains.
Du titre de valeur déguisant leur furie,
Et ravageant la terre au nom de la patrie,
Des assassins payés, dans le creux des sillons,
D’un camp dévastateur plantent les pavillons.
Bientôt de leurs drapeaux la campagne couverte
Se transforme en arêne à l’homicide ouverte,
Où des hommes de fer, en bataille formés,
Se lancent des regards de carnage affamés,
Hommes nés pour les rois, instrumens de colère,
Hâtez-vous ; par le sang gagnez votre salaire.
Du combat tout-à-coup le signal est donné,