De l’oiseau qui s’élève et retombe des cieux,
Sur le soc reluisant la main appesantie,
Presse de l’aiguillon leur marche rallentie.
Le prodigue semeur suit d’un pas mesuré ;
Il verse, et le blé noir, et le millet doré,
Et l’orge, ami d’un sol mêlé d’un peu d’arène :
La herse aux longues dents marche et ferme la scène.
Pour la neuvième fois le jour darde ses traits.
Déjà le laboureur retourne à ses guérets ;
Et la moisson naissante à ses yeux se déploie.
Alors entre l’espoir, et la crainte, et la joie,
Étendant vers le ciel ses vénérables mains,
Il invoque celui qui nourrit les humains.
« Grand Dieu ! Les ouragans, et la grêle, et l’orage
T’obéissent : dis-leur d’épargner mon ouvrage.
Charge les doux zéphirs de la fécondité :
Qu’ils unissent la pluie à la sérénité,
Et que de ton soleil la flamme créatrice
Change en épi cette herbe, et que l’épi mûrisse.
Dieu juste ! J’ai peut-être un droit à tes bienfaits.
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