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Ce fut alors (grands dieux ! ) que ma chère patrie
Par de pareils forfaits ne soit jamais flétrie !
Ce fut alors qu’on vit deux féroces amans,
L’un par l’autre étouffés dans leurs embrassemens,
À leurs propres amis servir de nourriture ;
Qu’une mère (ô fureur, dont frémit la nature ! )
Qu’une mère s’arma d’un poignard assassin,
Fondit à coups pressés sur le fruit de son sein,
L’égorge, le déchire, et de sang dégouttante
En dévore la chair encore palpitante ;
Qu’un prêtre, s’enfonçant dans l’horreur des tombeaux,
D’un corps rongé de vers engloutit les lambeaux :
Ce fut alors enfin que l’Auzonie entière
N’offrit de toutes parts qu’un vaste cimetière,
Où du riche, du pauvre et du grand confondus,
Les cadavres gissoient l’un sur l’autre étendus.