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L’écho de ces rochers en deviendra plus tendre ;
Tout fleurira plutôt dans mon riant séjour :
La femme que l’on aime embellit un beau jour.
Viens donc, femme adorable ; ah ! Viens, fuis cette ville,
Où de fourbes trompés rampe un monde servile :
Ce monde corrupteur n’est pas digne de toi.
Le printems et l’amour te rappellent à moi.
Me trompé-je ? Non, non : je vois Myrthé paroître ;
Myrthé vient habiter mon asyle champêtre.
Sans ornement, sans art, belle de ses appas,
Déjà dans nos vallons elle égare ses pas.
Cet air pur qu’à longs traits près d’elle je respire,
Ce verger qui blanchit, ce zéphir qui soupire,
Ce limpide ruisseau qui coule mollement,
Tout verse dans mon ame un doux ravissement.
Oh comme à mon bonheur ajoute l’espérance !
Mon oeil ne voit plus rien avec indifférence.
Ces rosiers, ces jasmins bientôt parés de fleurs,
Pour couronner Myrthé m’offriront leurs couleurs ;
C’est pour voiler nos feux des ombres du mystère,
Que la feuille renaît au bosquet solitaire ;