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feu le globe passager ;
Ne m’arrêter qu’aux bords de cet abyme immense,
Où finit la nature, où le néant commence ;
Et de cette hauteur dominant l’univers,
Poursuivre dans leurs cours tous ces orbes divers,
Ces mondes, ces soleils, flambeaux de l’empirée,
Dont la reine des nuits se promène entourée.
J’arrive. De clartés quel amas fastueux !
Quels fleuves, quels torrens, quels océans de feux !
Mon ame, à leur aspect muette et confondue,
Se plongeant dans l’extase, y demeure perdue.
Et voilà le succès qu’attendoit mon orgueil,
Insensé ! Je croyois embrasser d’un coup-d’oeil
Ces déserts, où Newton, sur l’aîle du génie,
Planoit, tenant en main le compas d’Uranie ;
Je voulois révéler quels sublimes accords
Promènent dans l’éther tous les célestes corps,
Et devant eux s’abyme et s’éteint ma pensée !
Toi, l’orgueil d’Albion, toi, par qui fut tracée
L’éternelle carrière, où de feu couronnés