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La pelouse déjà rit aux piés des côteaux :
Partout, un suc laiteux gonfle les végétaux.
Ce fluide invisible, errant de veine en veine,
Sur les prés rajeunis fait monter la vervene,
Qui demandoit la paix au nom des rois vaincus ;
Il bleuit l’heppatique, il dore le crocus,
Et du plus doux parfum nourrit la violette,
Humble fleur, qui déjà pare l’humble Colette.
Jusqu’au fond des forêts, l’arbre imbibé des sels,
Que la terre a reçus dans ses flancs maternels,
Quand l’hyver attristant les climats qu’il assiège,
Les voiloit de brouillards, les tapissoit de nège,
L’arbre sent aujourd’hui sa séve fermenter :
Dans ses mille canaux libre de serpenter,
De la racine au tronc, et du tronc au branchage
Elle monte, et s’apprête à jaillir en feuillage.
Redouble, heureux printems, redouble tes bienfaits !
Qu’en tous lieux, aux rayons des beaux jours que tu fais,
Des végétaux amis la foule t’environne !
Prête au chêne affermi sur les monts qu’il couronne,