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Une horrible maigreur déformoit tous ses traits.
Jetté par les destins au milieu des forêts,
Sur la ronce épineuse errant à l’aventure,
Il demandoit au chêne une vile pâture ;
Heureux de la ravir, armé d’un pieu sanglant,
Au vorace animal qui s’engraisse de gland.
Maintenant regrettez, chastes soeurs d’Aonie,
De l’univers naissant les vertus, l’harmonie,
Et son Dieu protecteur chassé par Jupiter !
Votre heureux siècle d’or fut un siècle de fer.
C’est nous, nous qui vivons sous l’empire d’Astrée :
Enfans et favoris de Saturne et de Rhée,
Nous voyons tout renaître au gré de nos desirs ;
La terre sans repos travaille à nos plaisirs,
Et le ciel étoilé roule en paix sur nos têtes.
Si des climats de l’ourse, escorté des tempêtes,
Revole tous les ans le démon des hyvers,
Le printems à son tour console l’univers.
Tout germe devant lui, tout se meut, tout s’avive.
L’onde étincelle et fuit d’une course plus vive ;