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Ils approchent les jours, où nos sillons dorés
Verront les moissonneurs du midi dévorés
Se noircir à ses feux, et d’une main lassée
À peine soulever la faucille émoussée :
Ils vont pousser encor des soupirs douloureux,
En recueillant des fruits qui ne sont pas pour eux.
Ah ! Du moins, si des loix dignes des tems antiques,
Par quelque fête aimable, aux fatigues rustiques
Encourageoient ce peuple, et lui rendoient plus doux
Les pénibles labeurs qu’il dévore pour nous :
Mais pourvu que les fruits de son humble héritage
Du trône et de l’autel grossissent le partage ;
Qu’importe qu’au travail il vive condamné !
Pour goûter le bonheur le peuple est-il donc né ?
Combien l’antiquité, politique plus sage,
Du suprême pouvoir fit un plus noble usage !
Pour mieux enchaîner l’homme à ses champs paternels,
Par un culte riant, par des jeux solemnels,
Elle eut soin d’embellir le cercle de l’année.
Près des eaux, sous un bois, de festons couronnée,