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Aux bornes de Nubie il court impétueux.
Envain pour le dompter, mille rocs tortueux
Du sauvage mosho hérissent la contrée,
Et remparts de l’égypte, en défendent l’entrée ;
De ses flots mutinés que l’écume blanchit,
Le Nil couvre ces monts, s’enlève et les franchit ;
Il tombe : les échos, dans les rocs qu’il inonde,
Répètent longuement le fracas de son onde.
Mais qu’il roule d’un cours plus bruyant et plus fier,
Aujourd’hui qu’étalé comme une vaste mer,
Il s’est enflé des eaux, dont l’humide tropique
Couvre depuis trois mois le sol éthiopique !
Dans le calme annuel des vents étésiens,
En triomphe, il arrive aux bords égyptiens,
Y répand en grondant sa vague débordée ;
Tout nage : et cependant cette égypte inondée
Rend grâces par des jeux, des festins et des chants
Au fleuve nourricier égaré dans ses champs.
Pour elle, un mois entier n’est qu’une longue fête.
Qu’un destin différent pour l’Europe s’apprête !