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Durant trois jours entiers consacrés aux ténèbres,
Aux lamentations, aux pleurs, aux chants funèbres,
Ils craignoient que leur Dieu brisé par un géant
N’entraînât avec lui l’univers au néant.
Mais sitôt que vainqueur de cette nuit funeste,
Il rallumoit ses feux sous le Bélier céleste,
Les brâsiers, les flambeaux, éteints sur les autels,
Brilloient, renouvellés aux regards des mortels ;
Des nuages d’encens emplissoient les portiques,
Et le prêtre et le peuple, en de joyeux cantiques,
S’écrioient : "notre Dieu renaît à la clarté ;
Célébrons son triomphe : il est ressuscité. "
Pouvoient-ils en effet refuser leur hommage
À l’astre, qui des dieux est la plus belle image,
Quand ce roi de lumière au Bélier de retour,
De ses douze palais recommençoit le tour ?
Lorsque des premiers tems l’antique témoignage,
Par la voix des vieillards confirmé d’âge en âge,
Disoit aux nations, en de sublimes vers,
Qu’au printems, le cahos enfanta l’univers ?
La terre aime à le croire et le répète encore.