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De cet hymen fécond, dieux, quels biens vont éclore !
Déjà d’un feu plus vif l’Olimpe se colore.
Le Bélier, du printems ministre radieux,
Paroît, et s’avançant vers le plus haut des cieux,
De la terre amoureuse annonce l’hyménée,
Et vainqueur de la nuit, recommence l’année.
À peine dans les airs dévoile-t-il son front,
Que soudain tressaillant dans son antre profond,
L’immortel océan gronde, écume de joie,
S’élève, et sur la plage à grands flots se déploie.
Sa vague mugissante appelle à d’autres bords
Ces vaisseaux, que l’hyver enchaînoit dans nos ports.
Les voilà donc ces jours si rians, si prospères,
Ces jours qui tarissoient les larmes de nos pères !
Tous les ans, quand l’hyver dans son obscurité
Engloutissoit leur Dieu, le Dieu de la clarté,
Un long deuil sur les murs des sacrés édifices
S’étendoit ; et l’autel privé de sacrifices,
Sans brâsier, sans parfum, sans lampe, sans flambeau,
Figuroit le soleil éteint dans le tombeau.