Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome I, 1779.djvu/240

Cette page n’a pas encore été corrigée

Alors près d’un canal, le pasteur vigilant
Amène le troupeau qui s’abreuve en bêlant.

Mais déjà de Vénus la lumière incertaine
L’invite à déserter les bords de la fontaine.
Il se lève, il fait signe à l’aboyant Niton,
Et chassés devant lui, bélier, agneau, mouton,
L’un sur l’autre entassés, abandonnent la rive.
La troupe marche en foule, elle avance, elle arrive
Et s’étend sur un sol, dont les nouveaux guérets
Attendent, pour germer, les sels d’un riche engraîs ;
En claie entrelassés, l’osier et la charmille
Y ceignent d’un rempart la bêlante famille.
Niton rode sans cesse autour de la cloison ;
Et le pasteur, ouvrant sa roulante maison,
S’assied et voit enfin, d’une course légère,
Un panier sur la tête, arriver sa bergère :
Elle apporte un repas de ses mains préparé,
Repas que l’appétit a bientôt dévoré.
Ils s’endorment contens, et l’aurore vermeille
Ramène encor l’amour au couple qui sommeille.