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Oui, trop plein de mes maux et lassé d’y rêver,
Beau vallon ! Dans ton sein je voudrois retrouver
Ce goût des vrais plaisirs que la nature donne,
Et qui fuit un amant que l’espoir abandonne.
Mais hélas ! J’aime encor, je le sens ; et mes yeux,
Chargés de nouveaux pleurs, en baigneroient ces lieux ;
Ici, tout me ramène à mon lâche esclavage.
Il est trop dangereux de revoir ce rivage ;
Ah ! Mes plaintes encor y prouvent mon amour ;
Perdons-en la mémoire, et fuyons ce séjour.
Je vais suivre vos pas, enfans, jeunes bergères,
Qui cueillez en chantant les fraises bocagères.
Je pénètre avec vous ces fertiles réduits,
Où pendent aux rameaux les prémices des fruits,
En globes transparens la cerise vermeille,
La framboise odorante et la fraiche groseille,
L’abricot, dont l’Euphrate enrichit nos climats,
Et la prune conquise aux plaines de Damas,
Et le melon pesant dont la feuille serpente ;
Doux fruit, qui dégagé de sa feuille rampante,