Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome I, 1779.djvu/230

Cette page n’a pas encore été corrigée

Sur qui le jour s’épanche en rayons amoureux ;
Où la nuit lumineuse et fraiche de rosée
Donne aux amans rêveurs la paix de l’élisée.
France, voilà les lieux où fleurissent tes lys !
Nos champs, par la nature et par l’art embellis,
Forment un beau théâtre, où variant leur scène,
La Garonne et la Loire et le Rhône et la Seine
S’épandent, et d’un cours tardif ou diligent,
Sous des forêts d’épis roulent à flots d’argent.
Ici, sur nos côteaux, la vigne triomphante
Se pare avec orgueil des raisins qu’elle enfante ;
Là, du riche olivier le fruit pend en bouquets ;
Là, de pommes couverts, nos champs sont des bosquets.
Sous les mains du travail, par-tout je vois éclore
Les présens réunis de Vertumne et de Flore :
Le français a changé sa patrie en jardin.
Que l’Inde à nos climats insulte avec dédain ;
Qu’elle vante l’or pur qui coule dans ses veines,
Le faste étincellant de ces parures vaines,
Qui d’un sérail esclave enflent la vanité :
Eh ! Que sert l’opulence, où gémit la beauté ?