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Cacher la vérité sous un voile riant,
Tous les ans, par les feux d’un bucher symbolique ;
Rendoit grâce au soleil, quand son char moins oblique,
Du cercle de leurs mois prêt à finir le tour,
Sur l’Euphrate et l’Indus versoit le plus long jour.
Eh ! Qui pouvoit mieux peindre à la race première
Cet astre, prodiguant la flamme et la lumière ?
Qui mieux eût figuré son trône radieux
Qu’un bucher, dont la cîme alloit chercher les cieux ?
Brûlant, il ramenoit le jour, quand les étoiles,
Cortège de la nuit, illuminent ses voiles.
Ô Gange ! Envain ce culte est né dans tes climats ;
Il ne t’en souvient plus : mais parmi les frimats,
Il vit encor, il vit sur les rocs du rivage,
Qui forment de Thulé la ceinture sauvage.
C’est-là que le soleil plus visible aux mortels,
Par de longs jours sans nuit, demande des autels.
Sur ces bords, où son char, demi-plongé dans l’onde,
Sembloit fuir à regret aux limites du monde ;
Où quatre heures en deuil, seules formant sa cour,