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L’herbe, que de ses feux le soleil a mûrie.
Le visage bruni par l’excès des chaleurs,
Les belles du hameau, sous un chapeau de fleurs,
Un trident à la main, la gorge demi-nue,
De la plaine avec eux parcourent l’étendue ;
Des enfans sur leurs pas traînent de longs râteaux ;
Enfin lorsque Vesper tombe sur les côteaux,
La richesse des près, en meules ramassée,
Sur les chars de Cérès monte en ordre entassée.
On la traîne au hameau : la foule au même instant,
Au son du flageolet, l’accompagne en chantant.
La nuit vient ; et si-tôt que la grange étonnée
Cache les premiers dons que dispense l’année,
Vers un espace libre où s’élève un bucher
Le flageolet encor les pressant de marcher,
À ce joyeux signal ils y volent ensemble.
Près du bucher, la troupe en cercle se rassemble,
Et pour en dévouer la flamme aux immortels,
Attend l’homme sacré qui préside aux autels.
Il paroît dans l’éclat de sa parure sainte,
De ce temple sans murs parcourt trois fois l’enceinte ;