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Il gémit, il s’écrie : « Une immuable loi
Ramène le soleil, et ce n’est plus pour moi !
Je ne goûterai plus cette volupté pure,
Que donnoit à mes sens l’aspect de la nature...
Adieu riante aurore, adieu riantes fleurs,
Où la riche lumière épanche ses couleurs !
Adieu bois et ruisseaux, adieu verte prairie,
Dont l’agneau bondissant paissoit l’herbe fleurie !
Les dieux m’ont envié le bonheur de vous voir.
Et vous, de qui mon coeur adoroit le pouvoir,
Belles, je n’irai plus m’égarer sur vos traces ;
Pour la dernière fois, j’ai contemplé vos grâces,
Votre souris d’amour, ce front brillant d’attraits,
Où de sa douce image un dieu grava les traits.
Peut être suis je loin de ces instans funèbres,
Qui doivent m’entraîner au séjour des ténèbres,
Et l’éternelle nuit a commencé pour moi. »
Soleil ! Ainsi pleuroit, les bras tendus vers toi,
L’aveugle d’Albion, dont la muse sublime
A peint l’homme naissant et l’infernal abyme.
Pour moi, favorisé d’un destin plus heureux,