Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome I, 1779.djvu/219

Cette page n’a pas encore été corrigée

Ou plutôt de toi-même emblême ingénieux,
Rendoit à ton aspect des sons harmonieux :
Mais tu brilles toujours sur cette isse ébranlée,
Sur Rhode, où se brisa ta statue écroulée.
Me trompé-je, de Rhode, au fond de ce lointain,
Ne vois-je point d’ici le boulevard hautain ?
Oui ; c’est lui-même : un jour, il deviendra ma proie,
Quand ma muse, enfantant une seconde Troye,
Y conduira vainqueur ce peuple hospitalier,
Qui monta dans Solyme au rang de chevalier,
Que tes rayons alors, soleil, dieu de la lyre,
Jusqu’aux transports d’Homère échauffent mon délire.
Grand astre, tu le sais ; j’ai besoin de tes feux :
Avec eux je m’éteins, je renais avec eux.
Ah ! Tant que roulera le fuseau de ma vie,
Que ta douce clarté ne me soit point ravie !
Puisse tourné vers toi mon oeil, près du tombeau,
Par un dernier regard saluer ton flambeau !
Malheureux, en effet, qui sent mourir sa vue,
Et qui doit vivre encor après l’avoir perdue !