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Vient avec le sommeil assoupir les travaux.

Mais à peine son oeil en boit les doux pavots,
Un songe bienfaisant, sur un lit de feuillage,
Lui présente une nymphe au matin du bel âge.
L’innocente pudeur de ses feux l’embellit.
L’adolescent plus tendre et se trouble et pâlit ;
Il s’éloigne par crainte ; et l’amour le ramène,
L’amour, qui l’enflammant d’une audace soudaine,
Le précipite au sein de la jeune beauté,
Et l’éveille bientôt ivre de volupté.
Quel changement, ô dieux, suit l’ivresse, où se plonge
Ce jeune-homme, à l’enfance enlevé par un songe !
C’est un être nouveau, dont le coeur affamé
Sent l’inquiet besoin d’aimer et d’être aimé,
Qui se livre en aveugle au penchant qui l’entraîne,
Et sans choix, court s’offrir à la première chaîne.
C’est un esclave enfin, mais un esclave heureux,
Qui jure par le ciel de mourir dans ses noeuds,
Qui, de douces erreurs repaissant son ivresse,
En idole, en Vénus transforme sa maîtresse,