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Rend leur voix plus touchante et leur vol plus agile.

Peu sensible, ou s’armant d’une feinte rigueur,
Si d’un air froid, l’amante accueille sa langueur,
L’amant plus empressé voltige à côté d’elle.
Il se plaint, s’attendrit, la frappe d’un coup d’aîle,
L’enflamme par degrés au feu de ses desirs,
La caresse en vainqueur, et chante ses plaisirs.
L’homme, l’homme sur-tout à l’amour est sensible.
Eh ! Quel sage aujourd’hui peut se croire invincible,
Lorsque par tous les sens le dieu parle à nos coeurs ?
Un air pur, un beau ciel, de suaves odeurs,
La voix du rossignol, l’éclat de la campagne,
Tout dit qu’il faut à l’homme une tendre compagne.
Contemplez ce Nestor qui touche à son tombeau :
Sur lui, l’amour encor agite son flambeau,
Ranime un peu sa force, et charmant sa vieillesse,
Lui rappelle les jours de sa verte jeunesse.
Ainsi, quand le démon qui préside aux hyvers,
Ordonne aux noirs frimats d’attrister l’univers ;
Lorsque d’un voile épais la terre est ombragée,