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cède enfin ; sa feuille est arrachée :
De ses tronçons épars la forêt est jonchée ;
Tandis qu’avec orgueil, le chêne fastueux
Se relève, et déploie un front majestueux.
L’amour pénètre encor de sa féconde haleine
Le peuple, que des eaux nourrit l’immense plaine.
Le poisson, qui pendant autour du lit des mers,
S’ouvre, et deux fois le jour reçoit les flots amers,
Qui sur un roc mousseux, sa demeure chérie,
Tel que les végétaux vivant sans industrie,
Réunit toutefois le double sentiment
Et d’épouse et d’époux, et d’amante et d’amant,
Entrouvant aujourd’hui l’écaille qui l’enferme,
De sa postérité laisse échapper le germe.
Ce germe, au gré des vents promené sur les flots,
Ou s’arrache aux rochers dispersés sous les eaux,
Ou, porté quelquefois vers l’indien rivage,
Monte jusqu’aux rameaux du manglier sauvage.
Là, dès que la nuit sombre et le père du jour,
Une fois dans les airs ont regné tour-à-tour,
L’écaille, autour de lui, naît et se développe,