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Il oppose la force aux refus redoublés.
La nymphe vers le ciel levant ses yeux troublés :
"Dieux d’hymen et d’amour, prenez soin de ma gloire ;
À mon perfide amant arrachez la victoire ;
Hâtez-vous, détruisez mes funestes appas,
Dieux vengeurs ! Contre lui j’invoque le trépas.
Elle dit : et soudain ses appas se flétrissent ;
Et son front et ses doigts de feuilles se hérissent.
Au lieu des vêtemens, dont son corps est couvert,
Sur son sein, qui décroît, s’étend un rézeau verd,
Et ses piés, du zéphyr quinze ans rivaux agiles,
En racine allongés, demeurent immobiles.
Enfin, c’est une fleur ; mais conservant toujours
Le profond souvenir de ses tristes amours,
Elle craint d’éprouver une insulte nouvelle,
Et de tout homme encor fuit la main criminelle.
Ne dois-je toutefois célébrer que l’essaim
Des fleurs, dont cet enclos a diapré son sein ?
Prés, bocages, forêts, vallons, roches sauvages,
Fontaines et ruisseaux sur leurs moites rivages,